La montée de l’Extreme Droite en France.

L’extrême droite en France constitue une mouvance politique aux contours flous, dont l’influence s’est manifestée à différentes périodes de l’histoire. Ce courant, associé à des idéologies nationalistes, xénophobes et autoritaires, a traversé diverses phases, depuis ses origines au XIXᵉ siècle jusqu’à sa présence actuelle sur la scène politique française.

L’extrême droite française regroupe une diversité de partis, mouvements et figures politiques. Historiquement, des personnalités telles que Charles Maurras, fondateur de l’Action française au début du XXᵉ siècle, ont marqué ce courant. Plus récemment, Jean-Marie Le Pen a fondé en 1972 le Front national (FN), devenu le Rassemblement national (RN) sous la direction de sa fille, Marine Le Pen. Ces leaders ont promu des idées centrées sur le nationalisme, le rejet de l’immigration et une critique des institutions démocratiques traditionnelles.

L’extrême droite se caractérise par une idéologie prônant la défense de l’identité nationale, souvent au détriment des minorités et des étrangers. Elle se distingue par une critique radicale de la démocratie libérale, favorisant des régimes autoritaires et centralisés.

Si l’extrême droite est présente sur l’ensemble du territoire français, son implantation varie selon les régions. Elle trouve un écho particulier dans certaines zones rurales et périurbaines, ainsi que dans des régions confrontées à des difficultés économiques ou à des enjeux liés à l’immigration. Des villes comme Hénin-Beaumont dans le Nord ou Fréjus dans le Var sont devenues emblématiques de cette implantation locale.

Depuis les années 1980, l’extrême droite connaît une forte progression en France. Le FN a réalisé une percée électorale en 1986 en entrant au Parlement, et Jean-Marie Le Pen a recueilli 14 % des suffrages à l’élection présidentielle de 1988. Plus récemment, lors des élections législatives de 2024, le RN a obtenu 32 % des intentions de vote au premier tour, témoignant de sa consolidation sur la scène politique française. 

Plusieurs facteurs expliquent la montée de l’extrême droite en France. Les crises économiques et sociales ont alimenté un sentiment de déclassement et d’insécurité chez une partie de la population. La mondialisation, les flux migratoires et les attentats terroristes ont également renforcé les discours identitaires et sécuritaires. Par ailleurs, la perte de confiance envers les institutions a conduit certains électeurs à se tourner vers des alternatives radicales.

Une Chronologie de l’Ascension de l’Extrême Droite

Après la Seconde Guerre mondiale, l’extrême droite française, est discréditée par sa collaboration avec le régime de Vichy. Durant les années 1950, des mouvements tels que Jeune Nation, fondé en 1949 par Pierre Sidos, tentent de rallier les nationalistes, mais restent limités en influence. La guerre d’Algérie (1954-1962) ravive les tensions nationalistes, menant à la création de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS) en 1961, qui s’oppose violemment à l’indépendance algérienne. Malgré ces actions, l’extrême droite demeure fragmentée et sans réel poids politique.

En 1972, une étape significative est franchie avec la fondation du Front National (FN) par Jean-Marie Le Pen, visant à unifier les diverses factions d’extrême droite et à les intégrer dans le processus électoral. Initialement marginal, le FN gagne en visibilité dans les années 1980, notamment lors des élections européennes de 1984 où il obtient 10,95 % des voix. Cette percée s’accentue lors des présidentielles de 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen accède au second tour face à Jacques Chirac, récoltant 17,79 % des suffrages au premier tour.

Sous la direction de Marine Le Pen à partir de 2011, le FN, rebaptisé Rassemblement National (RN) en 2018, cherche à se dédiaboliser et à élargir sa base électorale. Cette stratégie porte ses fruits lors des élections législatives de 2024, où le RN obtient 29,3 % des voix au premier tour, consolidant sa position dans le paysage politique français. Cette évolution reflète une normalisation progressive de l’extrême droite en France, désormais acteur incontournable du débat politique national.

Depuis le début du XXIᵉ siècle, l’Europe a été témoin d’une montée significative de l’extrême droite, avec plusieurs partis nationalistes et populistes gagnant du terrain dans divers pays. Cette tendance s’est manifestée par des succès électoraux notables et une influence croissante sur les politiques nationales et européennes.

En Italie, Giorgia Meloni, à la tête de Fratelli d’Italia, un parti aux racines post-fascistes, a connu une ascension fulgurante. FdI a remporté les élections générales de 2022, permettant à Meloni de devenir la première femme présidente du Conseil des ministres en Italie. 

En Allemagne, l’Alternative für Deutschland (AfD) a émergé en 2013, initialement en opposition à la politique européenne de l’Allemagne. Le parti a rapidement évolué vers des positions plus radicales, obtenant 12,6 % des voix aux élections fédérales de 2017 et devenant ainsi la première formation d’extrême droite à entrer au Bundestag depuis les années 1960. 

En Europe centrale et orientale, des partis nationalistes ont également renforcé leur emprise. En Hongrie, le Fidesz de Viktor Orbán, bien que classé comme conservateur, a adopté des politiques nationalistes et autoritaires depuis son retour au pouvoir en 2010. En Pologne, le parti Droit et Justice (PiS) a suivi une trajectoire similaire après sa victoire électorale en 2015. 

Cette montée de l’extrême droite en Europe s’explique par divers facteurs, notamment la crise économique de 2008, les préoccupations liées à l’immigration, et une méfiance croissante envers les élites politiques traditionnelles. Ces partis ont su capitaliser sur ces inquiétudes, en adoptant des discours populistes et en promettant de restaurer la souveraineté nationale.

L’extrême droite en France : une ascension électorale grandissante

Soutenu par une approche visant à adoucir son image et un discours centré sur la sécurité et l’immigration, le vote pour l’extrême droite se consolide progressivement et trouve désormais une véritable place dans la politique française.


En 2002, Jean-Marie Le Pen provoque la stupeur en obtenant 16,86 % des voix et en se qualifiant de manière inattendue pour le second tour. Quinze ans plus tard, sa fille Marine Le Pen réalise un score de 23 % au premier tour, puis atteint 41,45 % au second tour en 2022 face à Emmanuel Macron.
Cette progression, loin d’être un hasard, témoigne de la montée continue de l’extrême droite en France, comme nous le montre clairement le graphique ci-dessous.

Made by Flourish, Source (https://fr.statista.com/themes/8798/les-extremes-droites-francaises/)


Ce graphique nous illustre clairement l’évolution du Rassemblement National aux élections présidentielles depuis 2002. Mise à part le recul de 2007,  les scores du RN aux élections présidentielles n’ont cessé de progresser. Cette tendance démontre la normalisation progressive du parti et son enracinement dans l’électorat, rendant aujourd’hui plausible l’hypothèse d’une victoire de l’extrême droite à l’élection présidentielle dans les années à venir. Cette dynamique résulte entre autre d’une stratégie de normalisation, ou “dédiabolisation”, lancée en 2011 par Marine Le Pen, qui a permis de rendre le discours du parti plus « acceptable » tout en maintenant une ligne ferme sur des enjeux tels que l’immigration et l’insécurité en France.


De ce fait, dans cette logique de progression électorale constante, il est donc également pertinent d’observer les résultats du RN lors d’autres scrutins majeurs, en particulier lors des élections européennes. Ces dernières offrent un autre indicateur clé de l’implantation du parti à l’échelle nationale et de sa capacité à mobiliser un électorat large au-delà du seul cadre présidentiel.

Made by Flourish, Source (https://results.elections.europa.eu/fr/france/)

Ainsi, le graphique ci-dessus révèle un score historique du Rassemblement National, atteignant 31,37 %aux élections européennes, ce qui témoigne de son enracinement profond et de sa domination en France. Ce résultat, en nette progression de près de 9 points par rapport à 2019, va bien au-delà d’un simple phénomène protestataire, il marque la normalisation et la banalisation des idées du RN, qui sont désormais largement acceptées par une part croissante de l’électorat. Ce succès retentissant a eu un impact politique majeur, incitant Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale, un geste illustrant l’ampleur du défi que représente aujourd’hui l’extrême droite.

En somme, l’évolution du Rassemblement National, illustrée par ses scores croissants aux élections présidentielles et européennes, démontre un phénomène profond de transformation et d’ancrage dans le paysage politique français. Ce parti, longtemps perçu comme marginal, est désormais une force politique majeure, façonnant le débat public et défiant les partis traditionnels français.

Nous vous proposons les sources utilisées dans cet article pour aller plus loin, d’abord un podcast en quatre épisodes de Radio France, « Histoire de l’extrême droite, des ligues aux Front National ». Ensuite, un article du Monde sur les « Européennes 2024: Les pays où l’extrême droite l’emporte, ceux où elle plafonne. » Enfin un article de Courrier International, « Comment le FN créé par Jean-Marie Le Pen en 1972 est devenu le RN. »

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