
Verront nous un jour une corse seule et indépendante ? Emmanuel Macron laisse entendre que des compromis pourraient être trouvées.
Il était temps, après une trêve de la discussion, les réunions entre les élus de la Corse et le gouvernement ont repris. Le 24 février dernier s’est tenu le troisième comité stratégique sur l’avenir de l’île en présence du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Une réunion à laquelle a participé, symboliquement, le président de la République.
Au moyen d’un petit discours, Emmanuel Macron, a rappelé qu’il n’y avait pas de tabou, ni de solution claire sur l’avenir institutionnel de la Corse, il a également évoqué « deux lignes rouges à ne pas franchir ». La Corse doit ainsi rester dans la République et il refuse de diviser le peuple en deux catégories de citoyens.
Pour le parti de la majorité territoriale en corse, Femu, ces derniers qualifie cette séquence de « positive et constructive ». Le représentant du parti explique que « Elle est probablement la meilleur séquence politique dans le rapport entre la Corse et l’État depuis notre accession aux responsabilités en décembre 2015. Elle ouvre des perspectives nouvelles qui nourrissent l’espoir d’un avenir de respect mutuel, de dignité, de reconnaissance et de paix ».
Quel est le point de départ ?
Depuis la fin des années 1950, des mouvement régionalistes existaient déjà en Corse mais c’est surtout la guerre d’Algérie qui fut un événement déterminant pour l’histoire de l’île. À la suite des accords d’Evian, en 1962, la Corse reçoit plus de 17 000 Français d’Algérie. La population craint alors que ces nouveaux arrivants prennent leurs terres. En 1974, des militants de l’Action pour la Renaissance Corse (ARC) prennent en otage une cave viticole détenue par un Français venu d’Algérie. L’objectif de cette occupation était de dénoncer l’accaparement des terres par les pieds-noirs d’Algérie et exiger une « corsification » de l’économie de l’île. Le leader du mouvement est arrêté. Le Conseil des ministres suivant cette intervention vote pour la dissolution de l’ARC, déclenchant des émeutes et des fusillades le soir même. L’émergence d’un sentiment nationaliste fort est alors créé.
Des militants nationalistes forment le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) en 1976. Pour revendiquer leur indépendance vis-à-vis de l’État français, ils organisent une série d’attentats sur l’île et sur le continent. Cette violence est principalement déployée contre des biens matériels, à travers des plastiquages, visant des bâtiments publics et des propriétés privées. Après avoir orchestré pendant presque quarante ans ce que l’organisation nommait « la lutte de libération nationale », le FLNC annonce déposer les armes dans un communiqué diffusé le 25 juin 2014. Pour autant, cet épisode se termine avec la victoire des nationalistes aux élections régionales et leur installation à la tête de la collectivité territoriale. Les indépendantistes deviennent la première force politique corse, un ordre politique qui sera renouvelé lors des élections territoriales de 2017 et 2021.
Quel sont les revendications aujourd’hui ?
Le parti Corse pose des limites aux lignes rouges exprimées par le président de la République. Les représentants expliquent qu’elles sont en contradiction avec la nature même du principe de dialogue et sa potentielle progression. Bloquer l’avenir de la Corse dans la République c’est pour eux omettre l’histoire nationale corse et sa place géographique.
le parti nationaliste corse proposent également d’inscrire un titre spécifiquement dédié à la Corse au sein de la Constitution. Ce titre distinguerais la Corse à la fois de la Nouvelle-Calédonie qui dispose d’un Titre à elle seule, mais aussi de la Polynésie française, ainsi que des DROM et de la France hexagonale.
Un premier rendez-vous est d’ores et déjà fixé entre les élus de la Corse et le gouvernement, dans 40 jours, pour aborder la question de l’immobilier.