Une entente complexe entre Présidents et Premiers ministres sous la Ve République

Les jardins de Matignon - Crédit photo : AFP

Entre entente et mésentente. Telle est la réalité du pouvoir au sommet de l’État. Le Président de la République nomme le Premier Ministre. L’un décide, l’autre exécute. Voilà pour la théorie, alors que dans les faits, la réalité est plus contrastée. Focus parmi quelques couples exécutifs qui ont marqué la postérité politique française. 

Un s’en va, un autre arrive. Le cérémonial est fidèlement orchestré lors de chaque passation de pouvoir. Et pour cause, depuis 1958,  l’hôtel Matignon a connu pas moins de vingt-cinq locataires différents. Certains sont devenus présidents, d’autres ont exercé des hautes responsabilités étatiques. Loin du rôle de pantomime que leur assigne la Constitution, bien au contraire, le huis-clos de Matignon a souvent révélé des personnalités comme des tensions entre le Premier Ministre et le Président de la République. Mais qui sont-ils ?

Droite ou gauche ? Les origines politiques des Premiers ministres

En incluant Gabriel Attal, l’actuel chef du Gouvernement, la Ve République a connu dix Premiers ministres issus des bancs de la gauche. La prime à la majorité revient à la droite, avec quinze anciens hôtes de Matignon. À y regarder de plus près, le choix du Premier ministre, hors périodes de cohabitation, se montre en cohérence avec la couleur politique de chaque président ayant été en exercice. 

L’inversement du calendrier électoral à l’aune de l’an 2000 est venu rééquilibrer les rapports de force entre Premier ministre et chef de l’État, en garantissant de facto l’assurance d’un exécutif gouvernemental en parfaite cohérence politique, et donc sans accro. Exit les gouvernements de cohabitation : le président décide, et le Premier ministre exécute, pour reprendre l’adage de Jacques Chirac. C’est parce que la cohabitation a marqué les esprits en laissant de mauvais souvenirs, que précisément cette mesure est intervenue.

Carte interactive : les villes d'origines des Premiers ministres

1986-1988 : la première cohabitation entre Jacques Chirac et François Mitterrand

Mai 1988. La tension est palpable à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle, lors du traditionnel débat de l’entre-deux tours, qui a vu s’opposer les deux figures de l’exécutif, qu’incarnaient à l’époque, François Mitterrand et Jacques Chirac. Un duel au sommet de l’État exacerbé par les événements tragiques de Nouvelle-Calédonie, où l’antagonisme entre les deux hommes étaient à leur paroxysme. 

Deux années plus tôt, confrontée aux conséquences du tournant de la rigueur, la gauche échoue aux élections législatives. La droite remporte le scrutin et impose son programme. Jacques Chirac, alors leader naturel au sein du RPR, est appelé à Matignon par François Mitterrand. Non sans réprobations. 

La droite aux responsabilités mène donc le jeu politique, en prenant le contrepied des socialistes : allègement des charges fiscales, privatisation de l’audiovisuel public, accords de Nouméa, ou encore durcissement des conditions d’entrée sur le territoire pour les étrangers. 

Gabriel Attal et Emmanuel Macron : la parfaite entente

Elisabeth Borne et Gabriel Attal lors de la cérémonie de passation à Matignon, le 9 janvier 2024. Crédit photo : SIPA

9 janvier 2024. À 34 ans, Gabriel Attal est a priori au crépuscule de sa fulgurante ascension. En prenant la suite d’ Élisabeth Borne à Matignon, le protégé du chef de l’État devient le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Jusqu’alors, seul Laurent Fabius, nommé par François Mitterrand en 1984, détenait cette distinction. 

Fait rare pour être souligné, le couple exécutif Macron/Attal connaît une relation que l’on pourrait qualifier d’idyllique. Signe de cela, la multiplication de nombreux déjeuners entre les deux hommes au palais de l’Élysée. La postérité retiendra qu’il s’agit du plus jeune exécutif dans l’histoire de la Ve République française. Entre lui et le président, la confiance est totale, la loyauté est indiscutable. 

Politiquement, il serait pertinent d’affirmer que les deux hommes s’inscrivent en parfaite cohérence avec l’esprit gaullien de 1958 : le Président de la République décide, le Premier ministre dirige le gouvernement et exécute. 

Le 30 janvier dernier, à l’occasion de son discours de politique générale, Gabriel Attal, a confirmé l’essence originel du macronisme autour de l’ordre, le progrès et la justice. 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *